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Mon enfant refuse de prêter ses affaires : faut-il s’inquiéter ou simplement patienter ?

Lorsqu’on élève ses enfants en France, il y a des sujets qui reviennent à toutes les sauces dans les discussions du parc ou devant l’école. Parmi eux, le sempiternel « Il ne veut jamais prêter ses jouets ! » occupe une place de choix, générant parfois des tensions avec d’autres parents, et un petit sentiment d’inquiétude. Faut-il vraiment s’alarmer si, à l’approche de l’automne 2025, votre fils de 8 ans refuse catégoriquement de céder sa figurine fétiche ou si votre fille de 7 ans grogne dès qu’une copine lorgne sa trousse licorne flambant neuve ? Est-ce un caprice, un défaut d’éducation… ou simplement une étape normale du développement ? Derrière cette question apparemment anodine, c’est toute la complexité du partage, de l’affirmation de soi et de l’organisation familiale qui se joue en sourdine.

Avant d’alerter, faire le point sur l’âge et le contexte : le refus de prêter, c’est (presque) normal chez les 6-10 ans

Il faut bien le reconnaître : rares sont les enfants entre 6 et 10 ans qui prêtent spontanément leurs affaires à tout-va, surtout lorsqu’il s’agit d’objets précieux à leurs yeux. Cela ne signifie pas forcément que la graine d’égoïsme pousse dans leur chambre. À cet âge, la notion de propriété prend de l’importance : un jouet reçu en cadeau, un vêtement préféré ou, en 2025, ce sac à goûter à l’effigie de leur héros du moment, tout cela a souvent bien plus de valeur symbolique qu’on ne l’imagine.

Le début de l’automne, avec la fatigue de la rentrée et le retour de la routine, peut même exacerber ces comportements. Pas facile d’apprendre à partager alors que tout le monde se cherche encore une place, entre les nouveaux copains et les changements de classe !

Comprendre ce que cache vraiment ce refus : maturation affective, sécurité et affirmation de soi

Loin d’être le signe d’une quelconque défaillance parentale, le « non, c’est à moi » cache souvent des enjeux émotionnels plus profonds que l’on pourrait croire. À travers le refus de prêter, l’enfant affirme sa personnalité, teste son pouvoir de décision, et construit sa place dans le groupe.

Distinguer appropriation légitime et comportements préoccupants

Il n’est pas anormal qu’un enfant s’attache à certains objets et refuse de les voir abîmés ou confisqués, même temporairement. C’est même une étape clé autour de 6 à 10 ans : il apprend à différencier ce qui lui appartient de ce qui peut être partagé. Mais s’il s’accroche à tout, tout le temps, ou bien si ses refus virent systématiquement à la crise, il peut alors être utile d’observer ce qui se passe.

Les étapes ordinaires de l’apprentissage du partage

Le partage, contrairement à ce que beaucoup croient, ne s’apprend pas en une seule fois, ni à la crèche ni à l’école primaire. En primaire, l’enfant avance par tâtonnements : il prête parfois, refuse souvent, choisit les personnes avec qui il se sent en confiance. Cette évolution dépend aussi de son tempérament, de l’ambiance familiale et des modèles qu’il observe au quotidien.

Observer ce qui se passe autour : isolement, conflits, ou simple affirmation ?

À force d’être pris dans la spirale des disputes pour une histoire de doudous, de jeux de société ou d’échange de vêtements de sport avant l’EPS, il est tentant de vouloir tout régler « pour la paix sociale ». Pourtant, un refus de prêter n’a pas toujours la même signification : il peut traduire un vrai malaise, mais parfois aussi, il s’agit tout simplement d’une façon d’affirmer son identité.

Quand le refus devient source de disputes ou d’isolement

Si ce comportement s’accompagne d’une tendance au repli, à l’isolement, à des disputes récurrentes et franches avec les camarades, ou à des exclusions lors des jeux à l’école ou au centre de loisirs, il mérite d’y prêter attention. Autour de l’âge de 7 ou 8 ans, l’enfant développe ses compétences sociales : s’il a du mal à créer des alliances, à se faire inviter aux anniversaires ou à participer à des jeux collectifs, le refus de partager peut être un signal.

Les signaux qui doivent inciter à creuser un peu plus

  • Refus systématique de prêter, quel que soit l’objet ou la situation
  • Isolement ou difficulté à se faire des amis
  • Disputes fréquentes et intenses autour des affaires personnelles
  • Angoisse ou tristesse visible lorsqu’il doit prêter ou lorsque ses affaires sont touchées
  • Perte d’intérêt pour les activités de groupe

Dans ces cas-là, laisser couler ou se contenter de faire la morale ne suffit généralement pas : il est préférable d’ouvrir le dialogue, d’explorer la raison de ces blocages et d’adapter son accompagnement.

Encourager sans forcer : accompagner l’enfant pour qu’il apprenne à prêter à son rythme

Vouloir absolument que son enfant partage à tout prix, tout le temps, c’est bien souvent nourrir encore plus de résistance (et quelques colères en prime, avec option portes qui claquent). La clé : un accompagnement ferme, bienveillant, mais patient, qui respecte le rythme de chaque enfant.

Des astuces concrètes pour inviter au partage en douceur

  • Mettre certains objets à l’abri avant l’arrivée d’amis : donner le choix à l’enfant de prêter ou non.
  • Proposer des jeux collectifs où le partage est au cœur de l’activité (jeux de société, art plastique…).
  • Verbaliser ce qui se joue (« Je comprends que ce livre est très important pour toi ») au lieu de minimiser.
  • Encourager, mais ne pas forcer. Féliciter quand il propose spontanément de prêter – même pour une courte durée.
  • Lui montrer l’exemple en tant qu’adulte, que ce soit avec les affaires familiales ou dans la vie quotidienne (« Je te prête mon écharpe aujourd’hui si tu veux »).

Valoriser les progrès et respecter la personnalité de chacun

Certains enfants sont naturellement généreux, d’autres plus réservés, et c’est ainsi : inutile de les comparer, ni de pointer du doigt ce qui serait soi-disant « normal ». L’important, c’est de valoriser chaque pas, sans faire peser la culpabilité.

Un enfant qui prête enfin son ballon à la pause du midi ou qui accepte de partager ses crayons lors d’un atelier créatif après la classe, c’est déjà une petite victoire à souligner… même si tout le cartable reste bouclé pour l’instant.

Faites le pari de la patience : surveiller de loin, soutenir de près, et laisser le temps faire son œuvre

C’est l’information souvent oubliée : apprendre à prêter, cela se développe sur la durée. Refuser le partage entre 6 et 10 ans n’a rien d’alarmant, sauf si cela s’accompagne d’isolement, de disputes récurrentes ou de difficultés relationnelles avec les autres enfants. Très souvent, avec un peu de recul, de l’écoute et beaucoup de valorisation, votre enfant apprendra, à son rythme, à s’ouvrir à l’autre… parce que l’envie de jouer ensemble, d’être inclus, l’emportera sur la peur de perdre un trésor personnel.

Pour vous aider à mieux distinguer une situation ponctuelle d’une vraie difficulté, voici un tableau récapitulatif :

Problème observé Effet chez l’enfant Solution ou posture parentale
Refus de prêter sans conflits ni isolement Volonté d’affirmation, besoin de sécurité Laisser faire, rassurer, proposer sans forcer
Refus accompagné d’isolement ou de disputes récurrentes Signe de difficulté relationnelle, possible mal-être Dialoguer, observer, éventuellement solliciter l’école
Refus généralisé, même envers la fratrie Peur de perdre le contrôle, anxiété Valoriser, sécuriser, accompagner sans stigmatiser

Le temps, la confiance, et la juste dose d’attention parentale agissent bien souvent plus efficacement qu’une intervention autoritaire. Garder l’œil, mais ne pas trop intervenir… Voilà peut-être le secret du partage au quotidien.

En filigrane, cette petite histoire d’affaires prêtées ou non raconte aussi la difficulté de jongler avec la charge mentale : organiser la maison, prévenir les disputes, trouver l’équilibre entre protection et autonomie… Un exercice parental quotidien qui, même à la mi-octobre, ne trouvera pas de solution toute faite.

Finalement, l’important reste d’accompagner, d’encourager – et surtout de s’accorder un peu de répit. Après tout, qui n’a jamais eu envie d’un moment de tranquillité, rien qu’à soi, à l’abri du partage ?

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Rédigé par Marie