Entre les hommes ou les femmes, qui sont les plus dangereux sur la route ? Il s’agit là d’un sujet controversé qui peut susciter de vifs débats. On a en effet tous déjà entendu le dicton sexiste qui dit « femme au volant, danger au tournant », souvent lancé sur un ton plus ou moins humoristique. Cependant, un autre cliché bien connu veut aussi qu’à l’inverse, les femmes soient plus prudentes et plus respectueuses du Code de la route. Selon cette vision, les hommes seraient quant à eux plus agressifs et plus imprudents au volant. Cependant, ces stéréotypes sont-ils étayés par les faits ? Existe-t-il des différences significatives entre les sexes en termes de comportement de conduite et de risques d’accident ? Une étude récente a enfin apporté une réponse claire.
Alors, hommes ou femmes ? Un sujet difficile à trancher…
Tout d’abord, il est à noter que les différences de conduite entre les hommes et les femmes peuvent varier selon les régions et les cultures. Par exemple, dans certaines régions du monde où les femmes ont moins d’accès à l’éducation, à l’emploi et à la mobilité, les femmes peuvent être plus vulnérables aux accidents de la route en raison de leur manque d’expérience de conduite et de leur exposition à des conditions de conduite dangereuses.
En outre, les facteurs socio-économiques peuvent également influencer le risque d’accident de la route. Les conducteurs de sexe masculin ont tendance à travailler dans des emplois qui nécessitent plus de déplacements professionnels, ce qui les expose à un plus grand nombre de risques. Les conductrices peuvent quant à elles être plus impliquées dans des accidents de la route en milieu urbain en raison de leur implication dans les trajets quotidiens dédiés au transport des enfants à l’école et des courses, encore majoritairement assumés par les femmes.
Quant aux statistiques de sécurité routière, elles peuvent fournir des données objectives. Néanmoins, leur interprétation peut varier en fonction de la méthodologie utilisée et des biais de perception. Cependant, comme nous allons le voir, dans le cas de la France, les données sont très claires.
En France, qui sont les plus dangereux sur la route ?
Début février, la Sécurité routière a dévoilé les chiffres de son bilan provisoire concernant l’accidentalité et la mortalité sur les routes pour l’an passé. Il en ressort que sur cinq usagers décédés sur la route, quatre étaient des hommes. L’analyse fournit une autre donnée troublante : pas moins de 84 % des conducteurs ayant causé un accident mortel étaient des hommes en 2022. Par ailleurs, ils représentent 88% des jeunes conducteurs tués et 93% des conducteurs alcoolisés impliqués dans un accident. Enfin, les chiffres indiquent que 78% des personnes tuées en 2022 sur les routes étaient des hommes.
Dans son communiqué, la Sécurité routière appelle donc les hommes « à prendre conscience qu’en voiture, moto, vélo et même à pied, à kilomètres parcourus équivalents, ils se tuent considérablement plus que les femmes ». Elle pointe également du doigt certains clichés et conduites au volant liés à la masculinité toxique : « Je vais un peu vite, mais je maîtrise » ; « Ce dépassement était un peu risqué, mais je savais que je pourrais me rabattre » ; « Il m’énerve à vouloir me doubler, je ne le laisserai pas faire » ; « Ne t’inquiète pas, deux verres ? Ça ne change rien à ma conduite », etc.
Elle ajoute que « ces stéréotypes contribuent à perpétuer l’idée que l’homme, contrairement à la femme, aurait une forme d’aptitude naturelle pour la conduite, aboutissant ironiquement à transformer vitesse excessive, dépassement dangereux ou certitude de « tenir l’alcool » en signes d’une compétence toute masculine. Les statistiques rappellent qu’il n’en est rien ».
Une campagne pour sensibiliser les hommes sur le sujet
À tous ces chiffres se joint une campagne de sensibilisation où l’on suit des pères lors des premiers instants partagés avec leurs fils dans la salle d’accouchement, puis à la maternité. Mis en voix par Pio Marmaï, le manifeste à s’éloigner des préconstructions nocives conclut sur ces simples mots : « Tu n’as pas à suivre ce qu’attendent les gens d’un homme. Écris l’homme que tu veux être ».